Les méthodes indignes de Jean Quatremer

Publié le par Batiste

C'est désormais de notoriété publique : depuis des années, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, ne manque jamais la moindre occasion de déverser sa haine sur Jean-Luc Mélenchon. Dès qu'une opportunité se présente, M. Quatremer ne se prive pas de laisser de côté la déontologie qu'impose (normalement) le métier de journaliste pour tirer à vue sur cet homme politique, qu'il déteste. Dans un billet publié sur mon blog le 27 janvier 2011, il m'avait déjà été donné de pointer du doigt ses méthodes plus que douteuses. J'y montrais que M. Quatremer avait accusé Mélenchon de sympathie pour la dictature biélorusse, sur la base d'informations données par des eurodéputés EELV. En réalité, les amis de M. Quatremer avaient omis de lui préciser que si Mélenchon n'avait pas voté le texte (commun à la droite et aux socio-libéraux)  qui condamnait le régime biélorusse, c'est parce qu'il avait préféré en voter un autre, tout aussi critique envers cette dictature, mais qui avait été rédigé par son propre groupe parlementaire, la Gauche Unitaire Européenne. Trop content d'avoir une occasion de se farcir Mélenchon, le journaliste de Libération n'avait même pas jugé utile de vérifier cette information, qui lui avait pourtant été transmise par des sources loin d'être impartiales. Pris la main dans le sac, M. Quatremer a nié en bloc ma démonstration, sans chercher à la réfuter, préférant se réfugier dans le mépris habituel des médiacrates, qui, comme chacun le sait, n'ont jamais tort.

 

 

Les menaces de Jean Quatremer :

 

Après une longue année d'inactivité sur ce blog, il m'a paru important de reprendre le flambeau pour dénoncer les méthodes indignes dont a fait preuve M. Quatremer ces dernières semaines. Non content de revenir à la charge contre son ennemi politique (et personnel) qu'est Jean-Luc Mélenchon, en lançant contre lui une accusation d'antisémitisme aussi odieuse qu'infondée, M. Quatremer a en effet franchi le cap de menacer de poursuites plusieurs de mes camarades, dont l'unique tort est de s'être indignés de ses méthodes sur leurs blogs respectifs. Ce vendredi 5 avril 2013, l'un d'eux, animateur du blog intitulé Observatoire de la Propagande et des Inepties Anti-Mélenchon, a reçu un ultimatum de l'avocat de M. Quatremer, qui le menace d'engager une procédure judiciaire si deux de ses billets de blog n'étaient pas retirés d'internet dans les 24 heures suivant l'envoi de son mail. Selon cet avocat, leur contenu porterait atteinte à l'honneur et à la considération de son client. Ce qui est reproché à l'animateur de l'OPIAM, c'est d'avoir osé retourner contre M. Quatremer les insultes proférées par ce dernier à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon, à savoir les qualificatifs « antisémite » et « stalinien ». L'atteinte à l'honneur et à la considération de M. Quatremer résiderait en outre dans l'affirmation selon laquelle le journaliste « n’hésiterait pas à stigmatiser [Jean-Luc Mélenchon] tout au long de ses articles », ainsi que dans le reproche selon lequel M. Quatremer se serait «départi de toute objectivité pour écrire des articles partisans ce qui est contraire à la déontologie du journaliste ».

 

Pour comprendre cette menace de plainte, il convient de resituer les propos de M. Quatremer et de l'animateur de l'OPIAM dans leur contexte.

 

 

M. le ministre Pierre Moscovici et les seize « salopards » de l'Eurogroupe :

 

Samedi 23 mars 2013, lors du troisième congrès du Parti de Gauche, une phrase d'un discours de François Delapierre (un des secrétaires nationaux du PG) a suscité une forte émotion médiatique. Le ministre Pierre Moscovici, au même titre que les seize autres représentants de l'Eurogroupe, y était en effet qualifié de « salopard » pour son attitude à l'égard du peuple chypriote. Ne daignant pas comprendre la référence cinématographique, ne prenant pas en compte le fait qu'il s'agissait d'une appréciation politique, d'une critique de l'oligarchie, et non d'un jugement personnel, les journalistes présents dans la salle ont profité d'une interview de Jean-Luc Mélenchon pour lui demander son avis sur cette formule choc. Commentant les propos de Delapierre, le coprésident du Parti de Gauche a affirmé au sujet de M. Moscovici que son comportement était celui « de quelqu'un qui ne pense plus en français, mais dans la langue de la finance internationale ». Bref, le comportement d'un technocrate, plus soucieux du bien-être des banques que de celui des peuples, du fait de son appartenance au monde des oligarques (ancien de l'ENA, ancien vice-président du lobby patronal du Cercle de l'Industrie, etc).

 

 

When Harlem shakes...

 

Au terme de cette interview, les propos de Jean-Luc Mélenchon sont cités dans une dépêche AFP,  qui ne les rapporte pas très fidèlement. Selon cette dépêche, le coprésident du PG aurait en effet affirmé au sujet de M. Moscovici que son comportement était celui de quelqu'un « qui ne pense pas français, qui pense finance internationale ». Cette citation est aussitôt instrumentalisée par Harlem Désir, premier secrétaire du Parti "Socialiste", qui publie un communiqué pour dénoncer ce qu'il qualifie de « vocabulaire des années 30 ». Cette accusation d'antisémitisme à peine voilée est liée aux origines juives (d'une partie ?) de la famille de M. Moscovici. Lorsqu'il est informé de l'utilisation qui est faite de ses propos, Jean-Luc Mélenchon est « franchement abasourdi », si l'on en croit le récit de Stéphane Alliès. Ce journaliste de Mediapart, qui a assisté à la scène, est peu soupçonnable de sympathies politiques à l'endroit de Mélenchon, si l'on en juge par la teneur de la biographie Mélenchon le plébéien, rédigée avec son confrère de Libération Lilian Alemagna (dont un méfait est relaté par ici). Il s'en est d'ailleurs justifié sur son blog. La surprise de Jean-Luc Mélenchon n'a rien d'étonnant, dans la mesure où il répète inlassablement que tout ce qui a trait au religieux relève de la sphère privée, et que tout acteur de la vie politique se doit de séparer nettement sa vie privée de sa vie publique.

 

 

Les experts du fact-checking  entrent en scène :

 

Bien que l'interprétation faite par Harlem Désir ait surpris la totalité des journalistes présents au congrès du PG, cette dernière est aussitôt reprise par un certain nombre de propagandistes sur les réseaux sociaux, parmi lesquels des journalistes comme Jean-Michel Aphatie, Jean Quatremer, ou encore le « politologue » cathodique Dominique Reynié. Autant de personnes qui s'efforçaient déjà depuis longtemps de faire passer Jean-Luc Mélenchon pour un dangereux populiste, et qui ont trouvé là une occasion en or d'agrémenter cette accusation d'un brevet d'antisémitisme. Leur grande conscience professionnelle ne les a visiblement pas poussés à aller vérifier l'information, pour aller plus loin que les bouts de citations de l'AFP, par exemple en interrogeant les confrères présents sur place. Quand Stéphane Alliès signale la retranscription approximative de l'AFP et rectifie la citation erronnée de Mélenchon, Jean Quatremer l'accuse de vouloir réécrire l'histoire pour dédouaner Mélenchon. Peu importe le contexte dans lequel cette phrase a été prononcée, peu importe le fait que Jean-Luc Mélenchon ait dénoncé l'antisémitisme dans nombre de ses discours de la campagne présidentielle, peu importe également le fait qu'il rappelle régulièrement que les juifs de France ont été persécutés dès le Moyen-Age — comme c'est notamment le cas dans cette vidéo postée sur Youtube, dont le titre imbécile taxe Mélenchon de « valet des juifs ». Tout ceci n'est que futilité pour les grands reporters Aphatie et Quatremer, confortablement installés dans leurs certitudes et leurs sièges de bureaux.

 

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Un petit panel non exhaustif des insultes proférées par M. Quatremer contre Jean-Luc Mélenchon, et contre le Parti de Gauche, qu'il compare, comme nombre de ses confrères peu scrupuleux et à court d'arguments, au Front National.

 

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L'expert Quatremer, confortablement installé derrière son écran d'ordinateur, ne se prive pas de dispenser des leçons de professionnalisme aux journalistes amateurs de Mediapart.

 

 

Des excuses ?

 

Malheureusement pour Jean Quatremer et ses amis, il s'avère que le journaliste de Politis Michel Soudais a en sa possession un enregistrement de l'interview de Jean-Luc Mélenchon, qu'il met en ligne sur le blog de son journal dès qu'il en a la possibilité, le lendemain de la polémique. Et là, c'est le drame, puisque la polémique tombe à l'eau. Jean Quatremer est contraint de faire marche arrière. Et contre toute attente, il va même jusqu'à présenter des excuses à Jean-Luc Mélenchon :

 

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Dans un autre tweet, il va même jusqu'à admettre que « le "relent antisémite" disparait » si l'on ne prend plus en compte les propos tels qu'ils ont été relatés par l'AFP, mais ceux réellement tenus par Jean-Luc Mélenchon.

 

 

Ben non, faut pas déconner !

 

Sur le coup, je dois admettre que cette attitude m'a totalement sidéré. Je n'avais encore jamais assisté au repentir d'un médiacrate. Et encore moins d'un Jean Quatremer. Mais la surprise aura été de courte durée, puisque le lendemain, ledit Quatremer se fendait d'un billet de blog assassin, dans lequel il accusait Jean-Luc Mélenchon d'appliquer « ne lui en déplaise, les méthodes de l'extrême droite des anneés 30 », tout en faisant « sauter les digues démocratiques les unes après les autres ». Dans ce billet, il explique sa saillie contre Jean-Luc Mélenchon, qu'il continue d'assumer totalement. Malgré ses certitudes inébranlables, qui reprennent très vite le dessus, il parvient tout de même à reconnaître que « critiquer quelqu'un sur des propos tronqués n'est tout simplement pas de bonne méthode journalistique ». Ce qui ne l'empêche pas de rajouter aussitôt que « sur le fond (...) cela ne change rien » :  si deux journalistes professionnelles, une de l'AFP et une du Figaro, ont entendu les mêmes mots, c'est « parce que (...) Mélenchon a bien voulu dire ce que les deux journalistes ont entendu ». Autrement dit, Jean Quatremer n'en démord pas : pour lui, il est absolument évident que Mélenchon voulait faire passer un message (subliminal ?) antisémite.

 

 

De l'usage des sources : 

 

Le hic, c'est que la journaliste du Figaro, Sophie de Ravinel, comme il l'indique en note de bas de page, lui a signalé, après avoir lu son billet de blog, qu'elle était arrivée en retard et avait dû récupérer ce passage de l'interview de Jean-Luc Mélenchon auprès d'un(e) confrère. Si Jean Quatremer le signale dans une note, il ne modifie pas pour autant le texte de son billet de blog : il continue d'étayer son hypothèse d'antisémitisme subliminal sur deux témoignages, quand il n'en existe plus qu'un, celui de la journaliste de l'AFP... Malheureusement pour Jean Quatremer, le témoignage de Stéphane Alliès dément formellement son hypothèse. Le journaliste de Mediapart affirme en effet sur son blog que si la dépêche AFP a « mis le feu aux poudres », c'est « bien malgré elle ». Dans son précédent billet de blog, celui tant moqué par Jean Quatremer, Stéphane Alliès expliquait que sa collègue de l'AFP avait rajouté des bouts de citations à sa dépêche « en toute innocence, (...) sans imaginer un instant que la tempête se déclencherait dans le verre d'eau ». Par conséquent, pour étayer l'hypothèse de Jean Quatremer, il ne reste plus que l'intuition... de Jean Quatremer lui-même. Une intuition dont on commence à mesurer le degré d'infaillibilité.

 

 

La menace de porter plainte :

 

Choqué par la violence des accusations de M. Quatremer, dont les pseudo "excuses" ne compensent absolument pas le mal fait par la polémique honteuse dont il s'est fait le relais, l'animateur de l'OPIAM a pris le parti de retourner contre le journaliste ses propres insultes, histoire de lui faire comprendre ce que l'on peut ressentir, quand on est traité sans raison de stalinien et d'antisémite. Par provocation, il a notamment été fait remarquer à M. Quatremer que lui seul avait établi un lien entre la finance internationale et les origines de Moscovici. Une association qui a toujours été au coeur du discours antisémite... L'utilisation du terme « stalinien » renvoyait quant à elle au procès en sorcellerie qu'ont intenté M. Quatremer et ses amis contre Jean-Luc Mélenchon, sur la base de pièces à conviction faussées, et avec une puissance de feu médiatique contre laquelle la défense pouvait difficilement rivaliser. Forcément, avec Jean-Michel Aphatie dans son camp...

 

N'ayant visiblement pas beaucoup de sens de l'humour, et supportant apparemment moins bien que Jean-Luc Mélenchon les insultes, M. Quatremer a menacé à plusieurs reprises de saisir les avocats de son journal, Libération, pour porter plainte contre l'animateur de l'OPIAM, ainsi que contre un autre blogueur. Cela en dit long sur les méthodes de M. Quatremer, qui se complaît volontiers dans le rôle de l'insulteur, mais qui menace quiconque lui retourne la politesse de poursuites judiciaires. Je ne sais pas si l'avocat qui lance un ultimatum au camarade de l'OPIAM est vraiment l'un de ceux de Libération, mais si c'est le cas, je me demande en quoi la vendetta personnelle menée par M. Quatremer contre Jean-Luc Mélenchon a un rapport quelconque avec sa profession de journaliste. Les tweets reproduits ci-dessus, c'est du journalisme ? Les hypothèses bidons qui ne reposent sur aucune source crédible, c'est du journalisme ? L'absence totale de contextualisation, l'utilisation d'insultes, l'acharnement sur ses adversaires politiques (comme Todd, Mélenchon...), ça aussi ça relève du métier de journaliste ?

 

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Décidément, entre EELV et M. Quatremer, ça semble être le grand amour...

 

Au passage, je n'y connais pas grand chose en journalisme, mais j'ai récemment travaillé sur la Charte d'éthique professionnelle des journalistes avec mes élèves de Seconde Bac Pro. On y apprend notamment ceci :

 

Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication. Son exercice demande du temps et des moyens, quel que soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en œuvre des conditions d’exercice qu’elles nécessitent.

La notion d’urgence dans la diffusion d’une information ou d’exclusivité ne doit pas l’emporter sur le sérieux de l’enquête et la vérification des sources.

 

 

En guise de conclusion :

 

Mon camarade qui anime l'OPIAM a préféré autocensurer ses billets de blog, plutôt que de les retirer complètement, ou de se voir engagé dans un procès qu'il n'a pas forcément la possibilité d'assumer financièrement. Je comprends parfaitement sa décision. En publiant ce billet, je tiens à lui manifester mon entière solidarité.

 

Je ne saurais résister au plaisir de conclure sur une citation, que j'ai choisie spécialement pour mon médiacrate préféré : « Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît ».

 

 

 

Complément publié à 14h15 :

 

Je me permets d'attirer votre attention sur cette "Lettre ouverte à Jean Quatremer", publiée sur le blog Rock'n'Rouge : http://rocknrouge.wordpress.com/2013/04/06/lettre-ouverte-a-jean-quatremer/

 

J'avais oublié cette histoire de farines animales, qui vient s'ajouter à la longue liste des attaques infondées de M. Quatremer contre Jean-Luc Mélenchon : http://lelab.europe1.fr/t/quand-jean-luc-melenchon-votait-par-erreur-pour-les-farines-animales-7555

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A
Août 2013: les méthodes n'ont pas changé<br /> http://www.okeanews.fr/20130901-les-fraudeurs-menteurs-grecs-jean-quatremer
Répondre
G
<br /> Bravo le gars. Faut rien lâcher. jamais. Hasta la victoria siempre<br />
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B
<br /> <br /> Merci camarade !<br /> <br /> <br /> <br />